SEMINAIRE HSS 512F
Cerveau et Cognition

Humanités et Sciences Sociales
Ecole Polytechnique, 2010
Données - Description - Organisation - Thèmes - Agenda - Bibliographie

Données

  • Crédits ECTS : 1
  • Nombre d'heures : 24
  • Langue du cours : français
  • Horaires : jeudis matins de 8h à 10h
  • Dates : 16, 23, 30 sept – 7, 14, 21 oct – 4, 25 nov – 2, 9, 16 déc 2010
  • Lieu : Amphi Siméon-Denis Poisson
  • Code catalogue : HSS512F

  • Responsables : Yves Frégnac et René Doursat
  • Emails : yves,fregnac O unic,cnrs-gif,fr / rene,doursat O polytechnique,edu
  • Téléphones : +33 (0)1 69 82 34 15 / +33 (0)1 42 17 09 99

Description

La biologie est bouleversée par les progrès de la génétique et de l'informatique. Demain, grâce au décryptage du réseau complet de gènes régulant un être vivant, tout paraîtra modifiable, de la couleur des yeux jusqu'au comportement. Demain, grâce aux avancées dans le domaine des interfaces cerveau-machine, un simple « décodage » de la pensée à partir de l'activité cérébrale suffira à mouvoir des bras articulés, déclencher des actions avant même que les muscles de notre corps ne soient mobilisés.

Ces nouveaux pouvoirs de la biologie remettront en cause l'immuabilité du monde vivant qui nous entoure et des modes d'interaction entre agents pensants. Faut-il craindre ou espérer qu'en touchant seulement quelques gènes, on pourra, à volonté, transformer les capacités cognitives d'un être vivant? L'homme va-t-il demain posséder le pouvoir de réparer ou même « reprogrammer » son cerveau et la communication qu'il entretient avec l'environnement? Ces dernières années, les neurosciences cognitives ont considérablement progressé sur la base des résultats de la neurobiologie et des techniques d'exploration multi-échelle comme la neuro-imagerie anatomique et fonctionnelle.

Le séminaire Cerveau et cognition vise à faire le point sur ces progrès. Quelles techniques et quels paramètres psychophysiques sont aujourd'hui accessibles pour démontrer la nature organique de la perception, du langage, du raisonnement ou de l'action ? À quel point ces paramètres permettent-ils d'intégrer, en la formalisant, une fonction cognitive ? Comment la modélisation de processus cognitifs comme la perception, l'apprentissage, la mémoire ou même la conscience, prend-elle en compte les différents niveaux d'intégration, de la molécule à l'individu ?

La matérialisation neurobiologique du mental diffuse dans les sciences humaines et le tissu social en apportant un jour nouveau sur certaines problématiques traditionnelles de la psychologie et de la philosophie. Elle a enfin des applications en santé humaine, en informatique, en automatique et robotique et, même, en modélisation logique et mathématique. À ce titre, les neurosciences deviennent une composante des sciences de l'ingénieur.

Organisation

Organisé cette année par le département d'Humanités et Sciences Sociales, le séminaire illustrera cette tendance en s'appuyant sur l'interdisciplinarité entre humanités et sciences sociales, neurosciences, informatique et physique. Au cours d'une série de conférences, il abordera entre autre les thèmes suivants :

  • dynamique des systèmes complexes en biologie
  • imagerie multi-échelle (du niveau subcellulaire au cerveau entier)
  • architectures de calcul inspirées du vivant et perception sensorielle
  • interface cerveau-machine
  • neuropsychologie de l'action
  • mécanismes cérébraux du « beau » et du « vrai »
  • cortex visuel
  • conscience du corps
  • etc.

Cette année, le séminaire comprendra 11 séances, chacune étant organisée autour d'une conférence donnée par un scientifique invité provenant de divers laboratoires et institutions, qu'ils soient dans la recherche fondamentale, le monde médical ou industriel :

  • Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée (CREA), Ecole Polytechnique-CNRS, Paris
  • Institut des Systèmes Complexes (ISC-PIF), Paris Ile-de-France
  • Laboratoire "Récepteurs et Cognition" (URA2182), Institut Pasteur, Paris
  • Département "Systèmes et Codages Neuronaux", Max Planck Institute for Brain Research, Francfort
  • Institut Thématique Multi-Organismes (ITMO), "Neurosciences, Sciences Cognitives, Neurologie, Psychiatrie", Inserm, Paris
  • Unité de Neurosciences, Information et Complexité (UNIC), CNRS, Gif-sur-Yvette
  • Laboratoire International de Neuroimagerie Cognitive (LINeM), UPMC-Inserm, Paris et Montréal
  • Laboratoire Kastler Brossel (LKB), Ecole Normale Supérieure
  • Laboratoire "Psychologie de la Perception" (LPP), Université Paris Descartes
  • Laboratoire de Neuroimagerie Cognitive (Neurospin), CEA-Inserm, Saclay
  • Laboratoire de Neurophysique et Physiologie (LNP), Université Paris Descartes
  • Unité "Biologie Cellulaire de la Synapse Normale et Pathologique" (U497), ENS-Inserm, Paris
  • Unité "Dynamique Cérébrale et Cognition" (U821), Inserm, Lyon

Cette série est coordonnée par Yves Frégnac (Professeur à l'X et Directeur de l'INAF) et René Doursat (Directeur de l'ISC-PIF et chercheur au CREA).

Les élèves sont appelés à participer au séminaire en présentant à leur tour des exposés sur des questions susceptibles d'illustrer ou compléter les conférences. Pour cela, ils doivent
  1. former des groupes de travail :
    • en binômes, trinômes, voire quadrinômes, suivant les effectifs
    • en remplissant les calendriers Doodle communiqués par email au début du semestre

  2. choisir leurs thèmes :
    • chaque groupe choisit une séance
    • s'il est un binôme ou trinôme, il sélectionne 2 (deux) articles sur les 3 proposés pour cette séance ; dans le cas du trinôme, le 3ème élève présente une introduction et une conclusion encadrant les 2 articles (cf. ci-dessous)
    • s'il est un quadrinôme, les 3 articles seront présentés et le 4ème élève s'occupe de l'introduction et de la conclusion autour de ces articles

  3. préparer leurs exposés :
    • les exposés doivent durer environ 45-50mn en tout, questions non comprises
    • ils doivent être formattés en PowerPoint (ou compatible) ou bien PDF
    • ils doivent comprendre une introduction (contexte des articles, état de l'art) et une conclusion (nouveauté des articles dans ce contexte) qui encadreront la revue proprement dite des articles, présentées toutes les deux par l'un des membres du groupe
    • les 2, 3 ou 4 élèves peuvent se partager le travail selon leurs préférences, en assurant une charge et un temps de parole équitables (donc, respectivement, 23mn, 15mn ou 12mn par élève)
    • les présentations seront préparées sous la supervision et avec les conseils du conférencier invité et des responsables du séminaire (par email, téléphone et/ou sur rendez-vous)
    • elles seront envoyées par email à ces trois personnes au plus tard le mercredi, veille de la séance, et apportées en classe par le groupe sur ordinateur portable ou clé USB 

  4. démontrer leur capacité à
    • aborder des concepts nouveaux pour eux, parfois difficiles de premier abord pour des non-experts, en gardant une attitude de curiosité et une volonté de recherche
    • structurer leur réflexion sur un sujet à caractère scientifique ou technique, souvent pluridisciplinaire, notamment grâce à une recherche bibliographique externe
    • restituer leur réflexion de manière simple et rigoureuse devant leurs camarades 

  5. lire tous les articles :
    • chacun doit pouvoir participer aux questions et discussions de toutes les séances, sur la base des articles choisis et présentés par ses camarades.
L'évaluation du succès de ce travail et de la note finale (par délibération entre le conférencier invité et les responsables du séminaire) se concentrera moins sur la quantité totale de connaissances effectivement comprises ou acquises que sur l'authenticité des efforts investis dans la recherche et l'exploration détaillées de ces connaissances, ainsi que l'exposé des interrogations qu'elles ont pu susciter.

Thèmes du séminaire

Voici la liste potentielle des conférences et intervenants. Elle ne suit pas nécessairement l'ordre chronologique des séances et est sujette à modifications et réorganisations

  1. NIVEAU MICROSCOPIQUE : Bases moléculaires, génétiques et cellulaires, physiologie du neurone individuel

    • MICRO 1 : Dégénérescence neuronale
      Alexis Brice : Bases génétiques de la maladie de Parkinson

      • La maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson sont les plus fréquentes des affections neurodégénératives. La maladie de Parkinson se manifeste essentiellement par des troubles moteurs liés à la dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques. Cependant, les mécanismes de la mort neuronale restent inconnus. Les recherches menées au cours de la dernière décennie ont permis d'identifier une composante génétique plus importante qu'initialement prévue avec soit des formes monogéniques soit des facteurs de susceptibilité génétique, qui interagissent avec des facteurs environnementaux. Différents exemples illustreront les avancées génétiques dans cette maladie. De plus, l'identification d'anomalies génétiques représente une base solide pour étudier le processus pathologique grâce à sa modélisation dans des systèmes cellulaires ou chez l'animal.

    • MICRO 2 : Imagerie moléculaire
      Maxime Dahan et Antoine Triller : Imagerie et nanosciences dans l'étude des cellules nerveuses

      • La description des bases moléculaires de l'organisation de la synapse est un enjeu clé pour la compréhension de la plasticité des cellules nerveuses. De nouveaux outils issus d'un mariage heureux entre techniques de biologie, d'optique et de nanosciences permettent aujourd'hui de visualiser la dynamique d'acteurs importants, tels que les récepteurs aux neurotransmetteurs, à l'échelle de molécules individuelles au sein de neurones vivants. Dans cette présentation, nous nous attacherons d'abord à décrire le principe de ces outils ainsi que leur apport pratique et conceptuel. En particulier, nous discuterons comment l'analyse du comportement de molécules uniques soulève des questions nouvelles sur l'organisation et la dynamique d'assemblages macromoléculaires tels que la synapse. Dans une deuxième partie, nous nous intéresserons plus spécifiquement à la dynamique de récepteurs aux neurotransmetteurs inhibiteurs (GABA, Glycine) dans la membrane dendritique. Nous discuterons les mécanismes moléculaires qui contribuent à leur localisation synaptique, en lien avec l'activité neuronale.

  2. NIVEAU MESOSCOPIQUE : Neurosciences computationnelles, électrophysiologie, neurodynamique complexe, modélisation en réseaux

    • MESO 1 : Neurodynamiques complexes et motifs spatio-temporels
      René Doursat : Bâtir les fondations mésoscopiques de la cognition

      • La structure des états mentaux et leur ancrage dans le code neuronal constituent une question fondamentale des neurosciences cognitives. Combler le fossé conceptuel qui sépare encore les approches symboliques macroscopiques (psychologie, IA) des approches dynamiques microscopiques (neurobiologie, connexionnisme) requiert l'établissement d'un niveau intermédiaire, ou mésoscopique, de modélisation. Métaphoriquement semblable aux protéines et cellules, suspendues entre atomes et organismes, ce niveau doit à la fois offrir une granularité plus fine que ses grands objets et une structure plus complexe que ses petits éléments. Encore récemment, les modèles connexionnistes suivaient pour la plupart un paradigme simpliste de « traitement du signal » où l'activation d'un petit nombre d'unités dans des architectures multicouches se dirigeait littéralement de l'entrée (le problème / la perception) à la sortie (la solution / l'action) à travers plusieurs transformations. Aujourd'hui, une nouvelle classe de modèles met plutôt l'accent sur des myriades de neurones interagissant par connexions synaptiques récurrentes denses et formant le substrat d'un « medium excitable ». Ce substrat peut produire des états d'activité endogènes sous forme de motifs spatio-temporels dynamiques et transitoires. Dans ce nouveau cadre, les stimuli externes jouent seulement le rôle de « perturbation » s'exerçant sur des motifs préactivés. Récemment, les neurosciences computationnelles ont considérablement progressé dans l'exploration de l'immense diversité des régimes dynamiques, possibles et probables, du système nerveux. De nombreux travaux soulignent l'importance de la structure temporelle (et, par distribution, spatiale) des signaux électriques, sur laquelle ces dynamiques sont toutes fondées. Grâce à des modèles de neurones plus sophistiqués (à « spikes », oscillateurs, excitables, etc.) et une puissance de calcul accrue autorisant des simulations sur réseaux complexes de grande taille, le niveau mésoscopique s'est progressivement peuplé d'une zoologie d'objets théoriques émergents, tels que chaînes de type « synfire », groupes polychrones, ondes progressives ou attracteurs chaotiques.

    • MESO 2 : Régimes statistiques, multi-stabilité
      Nicolas Brunel : Modèles de l'activité persistente et de la mémoire de travail

      • Les mécanismes de la mémoire restent une des questions ouvertes les plus fondamentales en neurosciences. Comment un stimulus présenté à un animal laisse-t-il une trace dans les circuits neuronaux de son cerveau? Un stimulus présenté à un animal active un grand nombre de neurones dans de nombreuses aires de son cerveau. Un premier mécanisme possible pour maintenir ce stimulus en mémoire est de maintenir l'activation d'une partie de ces neurones après la disparition du stimulus en question. Ce phénomène, appelé « activité persistante » ou « activité réverbérante », est maintenant considéré comme le mécanisme le plus plausible de la mémoire à court terme (en particulier la mémoire de travail). Il a été observé dans un grand nombre d'expériences chez le singe éveillé durant des tâches impliquant une composante de mémoire à court terme. A plus long terme, il est clair que d'autres mécanismes doivent rentrer en jeu, les neurones ne pouvant maintenir une activité soutenue très longtemps. Un deuxième mécanisme possible fait donc intervenir des modifications persistantes des connexions entre neurones – les synapses impliquant des neurones actives par le stimulus. Ce phénomène de « plasticité synaptique » est maintenant considéré comme le mécanisme le plus plausible de la mémoire à long terme. Il a lui aussi été observé dans de nombreuses expériences, in vitro ainsi que in vivo. L'exposé parlera en détail de modèles théoriques de réseaux neuronaux du cortex cérébral qui permettent de comprendre les conditions dans lesquelles un réseau peut maintenir des « réverbérations », et comment la plasticité synaptique affecte ces réverbérations.

    • MESO 3 : Neuro-géométrie de la vision
      Jean Petitot : Architectures de calcul dans le cortex visuel

      • Les progrès expérimentaux récents en neurophysiologie ont permis de se faire une idée assez précise de la façon dont les aires visuelles primaires traitent le signal optique. Dans l'approximation linéaire, les neurones visuels agissent localement comme des filtres sur le signal et en effectuent une sorte d'analyse en ondelettes. Mais l'essentiel des propriétés globales des percepts proviennent de l'architecture fonctionnelle de ces aires. Pour V1, sa structure en « pinwheels » (roues d'orientation) implémente essentiellement la structure de contact du plan visuel. Les processus d'intégration globale des contours à partir de détections locales sont descriptibles par des méthodes variationnelles. Nous présenterons une méthode utilisant les géodésiques de la géométrie sous-riemannienne associée à la structure de contact.

    • MESO 4 : Codage en populations de neurones
      Gilles Laurent : Encodage olfactif: dynamique de réseaux, nature des représentations

      • L'olfaction est un sens ancien (du point de vue évolutif), complexe (du point de vue de la description du monde des odeurs), et fascinant du point de vue structurel et fonctionnel. Les récents développements de la biologie moléculaire de l'olfaction indiquent à la fois une grande dimensionalité (il y a plus de 1200 types de récepteurs chez les rongeurs ; comparez ceci à 3 pour la perception de la couleur chez les primates) et un grand degré d'organisation dans les réseaux. Mon exposé sera concentré sur les aspects d'encodage dans le système olfactif, prenant pour support expérimental des résultats obtenus chez les insectes et le poisson (des systèmes plus simples mais dont les règles de fonctionnement ont de fortes chances d'être généralisables). Nous nous concentrerons en particulier sur les phénomènes de dynamique des réseaux et sur les principes de représentation du monde extérieur par des ensembles neuronaux.

  3. NIVEAU MACROSCOPIQUE : Neurosciences cognitives, imagerie fonctionnelle

    • MACRO 1 : Organisation multi-échelle dans le cerveau
      Yves Burnod : De l'architecture neuronale multi-échelle du cortex cérébral humain aux capacités d'adaptation et d'apprentissage

      • Pour mieux comprendre les bases neurales des capacités d'adaptation et d'apprentissage du cerveau humain, on associe: (1) un modèle neural des dynamiques d'activation des populations de neurones (la colonne corticale), pour prendre en compte les résultats expérimentaux chez l'animal, et (2) un modèle cérébral de l'architecture d'ensemble des aires corticales dans l'espèce humaine, pour prendre en compte les résultats d'imagerie chez l'homme. Ce modèle à deux échelles aide à comprendre les dysfonctionnements de l'adaptation et les capacités de réadaptation. Le premier exemple est celui des lésions cérébrales qui peuvent entraîner une paralysie, et où le patient récupère tout ou partie de la fonction perdue : le modèle neural aide à comprendre le processus général de recrutement-focalisation de l'activité réactif à la lésion, et le modèle cérébral à interpréter les conséquences comportementales. Dans un second exemple, celui de l'autisme, le modèle neural aide à mieux comprendre les difficultés précoces de traitement des flux perceptifs, et le modèle cérébral à interpréter les effets en cascade pendant le développement de l'enfant (sur le regard, l'interaction sociale, les émotions, les représentations mentales), ainsi que les réadaptations possibles en fonction des interventions thérapeutiques.

    • MACRO 2 : Bases neurales de l'esthétique et de la conscience
      Jean-Pierre Changeux : La beauté dans le cerveau ?

      • Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Comment l'artiste procède-t-il dans sa démarche créatrice ? Comment l'art évolue-t-il ? Les travaux en cours sur les sciences du cerveau et les sciences de la cognition suggèrent des hypothèses et des pistes de réflexion encore peu abordées tant par les artistes que par les historiens d'art. D'abord, il est clair que l'activité artistique apparaît chez Homo sapiens à la suite d'une évolution génétique qui a permis un accroissement spectaculaire de la complexité cérébrale à partir de modifications modestes de son génome. Ce qui implique une intrication profonde avec les processus épigénétiques au cours du développement postnatal. La contemplation de l'oeuvre d'art – ici une peinture – est envisagée sous l'angle d'une exploration par le regard du spectateur qui accède à une synthèse cérébrale consciente (des formes et des figures perçues et des mémoires qu'elles évoquent) qui se distingue par sa singularité et ses profondes résonnances émotionnelles. La création est considérée sous l'angle d'une évolution des représentations dans l'espace cérébral conscient de l'artiste accompagnée de processus de sélection et d'actualisation en gestes moteurs conduisant à l'esquisse puis à l'oeuvre achevée. Le processus de sélection est encadré par des « règles épigénétiques » comme l'originalité, l'harmonie, la parcimonie, la signification, la visée éthique... qui contraignent et définissent le style de l'artiste. L'histoire de l'art résulterait un réseau d'évolutions emboitées se produisant entre le cerveau de l'artiste et les évolutions culturelles actuelles et passées de l'environnement de l'artiste, s'accompagnant d'un constant renouvellement des thèmes, mais ne conduisant pas nécessairement à un progrès, comme c'est le cas avec l'histoire des sciences et des technologies. Changeux (2008)

    • MACRO 3 : Neuro-imagerie en temps réel
      Olivier Bertrand : Interfaces cerveau-machine : « agir par la pensée »

      • Proposer à des personnes ayant un grave handicap moteur, mais des facultés cognitives préservées, le moyen de communiquer et d'agir sur le monde extérieur par le biais de leur seule activité cérébrale paraissait, il y a peu de temps, encore inaccessible. Les avancées récentes en analyse des signaux cérébraux, la puissance informatique sans cesse croissante, et surtout notre compréhension de plus en plus fine du fonctionnement cérébral, ont abouti depuis quelques années à une explosion de ce domaine de recherche et développement en neurosciences. Il devient possible de contrôler un curseur à l'écran, d'écrire un texte, ou de piloter d'autres dispositifs externes grâce à la mesure de l'activité cérébrale. Différentes approches sont proposées aujourd'hui, non invasives par la mesure de l'EEG à la surface de la tête, ou invasives à l'aide d'implants corticaux et par la mesure de l'activité de populations de neurones. Elles s'appuient sur différents types d'activité cérébrale, comme l'imagerie mentale ou l'attention par exemple. Des méthodes de plus en plus sophistiquées d'extraction de paramètres et de classification des signaux doivent être mis en oeuvre pour accéder aux mesures les plus spécifiques d'une activité mentale donnée. Ces différents aspects et les défis associés seront présentés.

    • MACRO 4 : Conscience du corps
      Kevin O'Regan : Localisation et nature ressentie des sensations : une approche sensorimotrice

      • Pourquoi est-ce que je ressens un toucher sur ma main, sur ma main, au lieu de le sentir dans mon cerveau ? Après tout, le signal capté par mes récepteurs cutanés aboutit dans mon cerveau. Est-ce parce que les aires corticales somatosensorielles activées représentent la surface du corps ? Dans ce cas pourquoi les aires visuelles, activées par des stimulations visuelles, représentent-elles le monde extérieur et non pas la surface de ma rétine ? Je montrerai que pour élucider ces questions, raisonner en termes d'activation d'aires corticales est moins utile que de raisonner en termes de lois sensorimotrices. J'expliquerai comment l'approche sensorimotrice permet d'éclairer certaines illusions d'appartenance du corps telles l'illusion de la "main en caoutchouc" et les "out-of-body experiences", et comment elle prédit également le phénomène de "substitution sensorielle" par lequel on peut, par exemple, voir avec les oreilles ou par la peau.

    • MACRO 5 : Intégration multisensorielle et perception temporelle
      Virginie van Wassenhove : Current issues in the neural and perceptual dynamics of multisensory integration

      • The settings: you are engaged in a lively debate among friends at a noisy Parisian brasserie. For you to comprehend what each person is saying you need (i) to keep track of who said what and (ii) understand the content of different streams of speech in a noisy background. In such (casually encountered) environment, the faces of your interlocutors bring much needed information to help you track and understand the auditory (spatial, individual, and linguistic) content in a more efficient manner. Surely, you are likely not aware that visual information plays a major role in what you perceive auditorily. This is a case of multisensory integration, specifically audiovisual, in which information carried by two a priori independent and non redundant sensory channels becomes integrated somewhere, sometime and somehow in the brain. This lecture will address different issues raised by multisensory research mainly from a perceptual and neural dynamics standpoint. Specifically, you may ask how two different kinds of information reaching cortex with substantial temporal delays get integrated into our conscious representation of a unified perceptual present—further leading to the perceived stream of consciousness. The different methodological tools (psychophysics, magneto- and electro-encephalography, fMRI, monkey neurophysiology, ...) classically used in cognitive neurosciences will illustrate at once arguable evidence and converging perspectives to such issues.

Agenda

Toutes les séances ont lieu les jeudis matins de 8h à 10h dans l'amphi Siméon-Denis Poisson à l'Ecole polytechnique, Palaiseau.

Date Intervenants Intitulé Références
16 sept Yves Frégnac et
René Doursat
INTRO : Cerveau et cognition
Présentation et organisation du séminaire PDF1 PDF2
Frégnac et al. (2007)
Annexe biblio PDF
René Doursat MESO 1 : Neurodynamiques complexes et motifs spatio-temporels
Bâtir les fondations mésoscopiques de la cognition PDF
Abeles et al. (2004)
D. & Bienenstock (2006)
Wang (2005)
Doursat & Petitot (2005)
23 sept Nicolas Brunel MESO 2 : Régimes statistiques, multi-stabilité
Modèles de l'activité persistente et de la
mémoire de travail
PDF
Voir : Ecole d'été des systèmes complexes 2009 (fichiers en bas)
 
Guillaume Dehaene
Thibaut Hennequin
Andreï Kucharavy
L'activité persistante : Un mécanisme de la mémoire de travail
Flutter discrimination: Neural codes, perception, memory...
Persistent neural activity: prevalence and mechanisms PDF
Curtis & Lee (2010)
Romo & Salinas (2003)
Major & Tank (2004)
30 sept Alexis Brice MICRO 1 : Dégénérescence neuronale
Bases génétiques de la maladie de Parkinson PDF
Lansbury & Brice (2002)
Lesage & Brice (2009)
Matthieu Landon
Christopher Kéraly
Guillaume Rousseau
La maladie de Parkinson
Explication symptomatique de la maladie
La thérapie génique PDF

Lees et al. (2009)
Jarraya et al. (2009)
7 oct Maxime Dahan et
Antoine Triller
MICRO 2 : Imagerie moléculaire
Imagerie et nanosciences dans l'étude des
cellules nerveuses
PDF
Nakada et al. (2003)
Martin Tourneboeuf
Aïcha Souki
Alexandre Georgieff
Mise en place du système nerveux
Principes de croissance active des neurones
Barrière de diffusion du segment initial de l'axone PDF

Bouzigues et al. (2007)
Ehlers et al. (2007)
14 oct Yves Burnod MACRO 1 : Organisation multi-échelle dans le cerveau
De l'architecture neuronale multi-échelle du cortex cérébral
humain aux capacités d'adaptation et d'apprentissage
PDF
 
Carole Sudre
Nicolas Renard
Ladislas Vignitchouk
Miraine Dávila
Organisation multi-échelle du cerveau
Parieto-frontal coding of reaching
Geometric cortical atlas
Motor recovery after stroke PDF

Burnod et al. (1999)
Toro & Burnod (2003)
Feydy et al. (2002)
21 oct Jean-Pierre
Changeux
MACRO 2 : Bases neurales de l'esthétique et de la conscience
La beauté dans le cerveau ? PDF
 
Sabine Corcos
Gabriel Sulem
Loïc Binan
Dimitri Klosowski
Bases neurales de la conscience et de l'esthétique
L'espace de travail neuronal conscient
Systèmes cholinergiques et conscience
Art et neurosciences PDF

Changeux & Dehaene (2008)
Changeux (2006)
Changeux (1994)
28 oct Vacances de La Toussaint : pas de séminaire
4 nov Jean Petitot MESO 3 : Neuro-géométrie de la vision
Architectures de calcul dans le cortex visuel PDF
Bressloff & Cowan (2002)
Otilia Anton
Eric Sibony
Andrada Maran
Jiatu Cai
Modèles mathématiques des architectures fonctionnelles
The Gaussian Derivative model for spatial-temporal vision
Geometrical computations explain projection patterns
Maxwell strata in a sub-Riemannian problem PDF

Young et al. (2001)
Ben-Shahar & Zucker (2004)
Moiseev & Sachkov (2009)
11 nov Armistice : pas de séminaire
18 nov X-Forum : pas de séminaire
25 nov Olivier Bertrand MACRO 3 : Neuro-imagerie en temps réel
Interfaces cerveau-machine : « agir par la pensée » PDF
 
Pauline Traynard
Alexandre Bury
Henri Jouhaud
Olivier Guieu
Brain-computer interfaces in neurological rehabilitation
Visual spatial attention tracking
Principles of neural ensemble physiology underlying BMI
Neuronal ensemble control of prosthetic devices PDF FLASH ZIP
Daly & Wolpaw (2008)
Kelly et al. (2005)
Nicolelis & Lebedev (2009)
Hochberg et al. (2006)
2 déc Gilles Laurent MESO 4 : Codage en populations de neurones
Encodage olfactif: dynamique de réseaux,
nature des représentations
PDF
 
Stéphane Kaufmann
Paul Baudin
David Mély
José Alamos Silva
Neurosciences de l'olfaction
Olfactory network dynamics
Oscillations and sparsening of odor representations
Hebbian STDP in mushroom bodies PDF

Laurent (2002)
Perez-Orive et al. (2002)
Cassenaer & Laurent (2007)
9 déc Kevin O'Regan MACRO 4 : Conscience du corps
Localisation et nature ressentie des sensations :
une approche sensorimotrice
HTML MPEG
Dummer et al. (2009)
Clément Moutard
Théo Hirsch
Abdellah Fourtassi
Body consciousness
Perceptual illusion of body swapping
La conscience phénoménale PDF

Petkova & Ehrsson (2008)
O'Regan et al. (2005)
16 déc Virginie van
Wassenhove
MACRO 5 : Intégration multisensorielle et perception temporelle
Current issues in the neural and perceptual
dynamics of multisensory integration
PDF
van Wassenhove (2009)
van Wassenhove et al. (2005)
Alexandre Labrosse
Frédéric Wilhelm
Kevin Scaman
Perception multimodale et intégration multisensorielle
Neuronal oscillations and visual amplification of speech
Nonspatial auditory signals improve spatial visual search PDF

Schroeder et al. (2008)
van der Burg et al. (2008)

Bibliographie

De nouvelles références peuvent être ajoutées au fur et à mesure que le séminaire progresse : consultez-les régulièrement. Les textes intégralement disponibles en ligne sont indiqués par un lien HTML ou PDF en gras. Les liens HTML renvoient vers une page de description de l'article hébergée par la revue, à partir de laquelle il faut ensuite sélectionner "Full Text" ou "Download PDF".

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Dernière mise à jour : 19/12/2010